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La mise à l’herbe de printemps chez le cheval

Publié le 17 mai 2018

Après cet hiver et ce début de printemps pluvieux les mises à l’herbe ont progressivement commencé ou sont dans certaines régions déjà bien avancées.

La pousse de l’herbe n’est pas la même tout au long de l’année. Elle ne pousse pas en continue et sa croissance dépend de différents facteurs comme la température, la durée du jour, la disponibilité en eau ou en éléments minéraux.
Après l’hiver où la croissance de l’herbe est faible voir nulle, le printemps combine tous les facteurs (un rayonnement plus important, des températures plus clémentes, de l’eau…) permettant une pousse de l’herbe parfois explosive. Le rythme du cycle de végétation s’accélère durant cette saison.

Avec le vivant il n’y a jamais de théories toutes faites et il faudra toujours observer son sol, les plantes qui y poussent, ses chevaux et autres animaux, bref l’ensemble de sa prairie pour lui permettre de rester saine et diversifiée. Néanmoins, certaines grandes lignes peuvent être définies notamment pour réussir la mise à l’herbe.

 

Attendre que le sol soit ressuyé

Au niveau des sols il est conseillé d’attendre qu’ils soient ressuyés pour ouvrir les prairies de printemps. Le ressuyage consiste à laisser sécher le sol.
Un sol ressuyé bénéficie donc d’une terre qui a pu évacuer les excès d’eau de l’hiver. Un sol gorgé d’eau n’est pas propice au pâturage car il est très malléable et peut de ce fait être très facilement compacté par quatre sabots. La conséquence est la diminution voir la disparition des interstices microscopiques entre les différents éléments du sol. Les galeries creusées par la faune peuvent également être impactées. Cela a pour conséquence globale de limiter la circulation de l’air dans le sol, qui est pourtant capitale pour la terre, les micro-organismes et les plantes. Mieux vaut donc être patient et garder une « zone sacrifiée » pour l’hiver (une parcelle, des pistes ) et ouvrir les zones de pâturage quand le sol a la capacité de supporter des pressions sans trop se déformer.

 

Attendre une hauteur d’herbe comprise entre 8 et 10cm

Si le sol est prêt il faut que l’herbe le soit également. Pour cette partie, plusieurs stratégies sont possibles en fonction des besoins des chevaux et des modes d’utilisation de la prairie. Globalement, l’herbe jeune et feuillue sera appétente, riche en sucres solubles ainsi qu’en matières azotées et pauvres en fibres. Pour les graminées, la diminution de la valeur nutritive s’accélère à partir de l’épiaison avec une augmentation de la proportion de tissus lignifiés. Selon les sensibilités et les besoins la hauteur d’entrée dans les pâturages peut varier. Néanmoins hors « cas particuliers » viser une entrée en pâture des chevaux sur une hauteur d’herbe entre 8 et 10cm peut convenir.
D’autres types de conduite peuvent être mise en place comme un pâturage plus précoce et plus bas, très bref appelé « déprimage ». Le but de cette pratique est de favoriser le tallage des graminées (densifier le couvert végétal) et de retarder l’épiaison.

 

Ne pas pâturer sous 5cm

Aussi, voir plus important que la hauteur d’herbe à l’entrée des chevaux, la hauteur de sortie des parcelles de pâturage est primordiale pour préserver les herbages. Il est conseillé de ne pas pâturer sous 5cm (à peu près la hauteur du talon d’une botte) même si cette hauteur de fin de pâturage peut bien sûr varier en fonction des modes d’utilisation des prairies, du nombre d’animaux/surface, du temps de pâturage…
Cette hauteur de 5cm a un impact à la fois pour la plante et pour le cheval. Pour une graminée (fléole, fétuque, pâturin…) la phase de redémarrage de la plante après un pâturage est d’autant plus longue que le couvert est bas par manque de feuille pour assurer la photosynthèse. D’autre part, une partie des réserves des graminées se concentrent dans ces 5 derniers centimètres avant le sol. Pour la plante, le prélèvement répété de ses réserves peut être préjudiciable pour son maintien sur la prairie. De plus, pour le cheval la consommation de cette zone peut entraîner une consommation plus importantes de sucres et/ou de fructanes. Un pâturage ras a également un impact sur le parasitisme. En règle générale plus le pâturage est bas, plus le risque de contamination est fort.

 

Attention à la transition alimentaire

Lors de la mise à l’herbe la transition alimentaire ne doit pas être négligée. Cette transition doit être douce pour laisser le temps notamment au microbiote de s’habituer à ce changement de régime alimentaire. Pendant la période hivernale, le cheval est généralement nourri avec un fourrage sec, le foin, riche en fibres avec un taux de matière sèche bien plus élevé que l’herbe. Un cheval passé sans transition du foin à l’herbe peut présenter des troubles digestifs divers allant du simple inconfort à des pathologies digestives bien plus graves. Il faut donc prévoir une transition lente et progressive sur plusieurs semaines en augmentant le temps d’accès à la pâture. Du foin peut également être laissé à disposition dans la pâture.

Pour certains chevaux l’herbe de printemps peut être beaucoup trop riche. Pour leur santé, il sera important soit de leur proposer une solution de pâturage en limitant l’ingestion, avec un panier de pâturage par exemple soit de limiter l’accès à l’herbe et proposer un accès à volonté au foin.

La mise à l’herbe est donc une étape importante qui se prépare. Elle demande également d’observer le sol, sa prairie et ses animaux tout en assurant à ces derniers une transition alimentaire adaptée à ce changement de régime.

Rédaction: Angélique Descarpentry, Ingénieur Agronome, Equitransm’être