Intégrer des ânes normands à un service municipal, c’est un projet peu ordinaire qui mérite qu’on s’y attarde. Et c’est le pari audacieux de la ville de Gonfreville l’Orcher pour 2023. En effet, la ville souhaitait participer, à sa manière, à la sauvegarde de nos races d’ânes locales. Pour ce faire, la ville avait quelques atouts, puisqu’elle possédait déjà son service hippomobile, en place depuis 2015, avec deux chevaux et des agents dédiés. Mais un âne fonctionne différemment d’un cheval et il était important de bien appréhender cette nouvelle espèce. Pour ce faire, la ville a fait appel au Centre de valorisation du Haras du Pin, qui lui avait fourni les animaux, pour l’épauler dans cette nouvelle étape.
Acquérir ces ânes est un acte fort à plus d’un titre. Tout d’abord car, ce faisant, la ville participe concrètement à la sauvegarde des races menacées. En effet, on ne compte pas plus d’une vingtaine de naissances d’ânes normands chaque année, ce qui en fait 2 fois moins que le nombre de naissances de pandas en captivité ! La chose est méconnue, et pourtant, dans nos campagnes normandes aussi, certaines de nos races domestiques sont au bord de l’extinction, ce qui est le cas de l’âne normand et de l’âne du Cotentin, qui n’ont plus compté que respectivement 20 et 35 naissances en 2022.
En 2022, lorsque la ville a souhaité enrichir son cheptel avec des ânes de race normande, elle s’est rapprochée du Centre de valorisation du Haras du Pin, qui travaille en étroite collaboration avec les associations d’éleveurs, à savoir l’association nationale de l’âne normand et l’association de l’âne du Cotentin. Le centre a pu leur proposer d’acquérir Ivanohé des Haies et Looping du Val au Cesne, 2 jeunes mâles hongres de race normande, issus de la pépinière d’ânes.
Côté mission, les ânes seront dédiés à la fois à l’éco-pâturage, mais également aux services hippomobiles, et enfin, à de la médiation avec du public, grâce aux services d’animation. Pour aider les agents dans la mise en place de ces activités, la ville a sollicité le Centre de Valorisation pour proposer, en plus des animaux, une prise en main de deux jours auprès des services. Cette prise en main a eu lieu les 16 et 17 octobre dernier et leur a donné des clés pour travailler avec nos compagnons aux longues oreilles : Approcher l’âne, le faire marcher en main, le bâter (c’est-à-dire l’équiper de sacoches), le conduire en extérieur. Le programme avait été conçu sur mesure pour que les agents puissent se sentir à l’aise avec leurs nouveaux compagnons.
Une dizaine d’agents de différents services ont été formés, et les ânes pourront désormais sillonner la ville avec eux. Au-delà des activités sur l’espace public, les ânes vont également aller directement à la rencontre des habitants, avec le projet d’activité du centre d’animation, qui souhaite mettre en place des opérations inter-générationnelles. Et il y a fort à parier que l’action rencontre son petit succès, car l’âne se révèle un formidable médiateur. Qu’ils soient jeunes, âgés, urbains ou ruraux, quel que soit leur milieu d’origine, tous les publics adhèrent en général aux activités avec des ânes. Les ânes, futures mascottes de Gonfreville l’Orcher ? La réponse ne tardera pas puisque les premières actions mises en place avec le service d’animation sont prévues dès début 2024.
Fabrice Pimor, adjoint en charge du service hippomobile, fabrice.pimor@gonfreville-l-orcher.fr
Sylvie Cheyrezy, présidente de l’Association de l’âne normand, cheyrezy.sylvie@orange.fr
Hélène Morel, coordinatrice du centre de valorisation du Haras du Pin, contact@centredevalorisation-normandie.com