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Hommage à Marcel Lebourgeois

Filière équine normande Publié le 5 avril 2022
Hommage à Marcel Lebourgeois
Marcel LEBOURGEOIS – Disparition d’une légende

Marcel LEBOURGEOIS – Disparition d’une légende

Photo de couverture: Marc HOUSSIN (Elevage de Cheux) avait commencé sa carrière chez Marcel Lebourgeois

L’homme qui avait acheté Magali, un tout petit prix, à la base avec Danaé de d’Helby,Chanu, Cheux, Girl, et autres Kreisker, Batilly ou Kerglenn, est décédé le 3 avril 2022 dans sa 99ème année. A l’occasion d’une étude sur les élevages d’Yves Langelier et Jean-Luc Lebourgeois, Jean Bougie, d’Equin Normand a eu le privilège de passer un moment avec lui. Sa disparition mérite de relire son épopée. Elle reflète toute l’histoire du cheval de sport en Normandie de ces 50 dernières années.

L’enfant turbulent, espiègle né en 1924, troisième d’une fratrie de sept, n’avait pas perdu à 97 ans qu’il venait de fêter le 11 janvier, sa vivacité d’esprit qui donne toute son ampleur à l’immensité de ses souvenirs, pas davantage que son tempérament taquin toujours pointé d’humour et surtout de bienveillance qu’il revendique. Il tait, avec la sagesse crépusculaire, son intrépidité juvénile qui vaut, pour ses proches, de rappeler certaines anecdotes telle cette course de village, disputée à la Lucerne d’Outremer où il prit la place du jockey qui venait de tomber pour aller décrocher la victoire.

Né à La Haye Pesnel où ses parents vivaient sur une petite exploitation, il émigre jeune au Tanu pour vivre dans des conditions modestes propres aux petits paysans. Une vie aux antipodes de ces années parisiennes dites « folles » et de la grande dépression de 1929 qui amènent Marcel Lebourgeois, tout en mesurant la gravité, à relativiser les difficultés de cette période Covid. D’autant qu’à une vie rude vinrent s’ajouter les tumultes des années 30 et 5 années de guerre.

C’est à la Libération que le jeune Marcel alors âgé de 22 ans entame sa vie professionnelle. L’amour du commerce et des beaux animaux se révèle : « Je crois me souvenir avoir commencé avec une pouliche. Je m’arrange de prix avec le vendeur mais le seul petit problème c’est que je n’avais pas d’argent pour la payer. J’avais tout juste quelques petites économies. De l’argent de poche quoi ! Mon père ne voulait pas me prêter, il ne voulait surtout pas que je fasse ce métier qu’il considérait un peu comme malhonnête. C’est mon oncle Emile, le grand-père de Jean-Luc Lebourgeois qui m’a aidé. La bête valait 10.000 francs. Je l’ai revendue 18.000 huit jours plus tard à la foire de Gavray. C’était parti ! » clame Marcel en précisant « J’aimais les belles bêtes, des amouillantes bien toilettées. Je faisais mon profit, mais je ne voulais pas estamper les gens. J’aimais bien les bêtes du Nord de la Manche. Elles étaient saines. A cette époque le marché était bon. Les cours s’envolaient par moment. »  Marcel fonde une famille et s’installe à Saint-Sauveur la Pommeraye « C’est en causant avec Clovis Pottier que je lui demandé de me trouver une jument même accidentée, avec des bons papiers pour faire de l’élevage. Il m’a emmené chez Jules Houllegatte à Fermanville. J’ai acheté Magali, à peine plus cher que le prix de la boucherie. Elle ne prenait pas. Je l’ai emmenée au Mioche (NDLR : Etalon Le Mioche PS) et après j’ai eu de la chance. Le père de Jean-Luc m’avait dit si tu ne l’achète pas, elle est pour moi. Quand elle est morte j’ai gardé Danaé. C’était une jument pas finie, un peu décousue, loin dans les jarrets, ça c’était Starter. Un très beau cheval mais des jarrets pas solides. Corilys et fend l’Air avaient les mêmes soucis. Enfin ! ça a pas trop mal marché. A la retraite, je l’ai vendue à Gérard Esnault au Haras de la Gisloterie. ». C’est là que s’est arrêtée la carrière d’éleveur de cheval de sport pour Marcel Lebourgeois qui avec un effectif ô combien réduit a donné à l’élevage normand et manchois en particulier un élan d’excellence qu’il conserve et vulgarise.

Après avoir eu des installations à Beauchamps, Marcel Lebourgeois acquiert une maison à la Hautmonière aux portes de Villedieu les Pôeles sur la route de Gavray.  Sans doute tenaillé par cette attirance naturelle vers les animaux comme vers les gens ; Marcel est en effet réputé pour aimer les gens, il achète une poulinière trotteuse. Une autre « très » bvelle histoire à découvrir dans la seconde partie de notre reportage.

Marc HOUSSIN (Elevage de Cheux) avait commencé sa carrière chez Marcel Lebourgeois

Au tout début était Son Altesse

C’est à Fermanville, une commune du Val de Saire que Jules Houlegatte, exploitant agricole, qui fut maire de la commune de 1971 à 1977, fit naître en 1940, Son Altesse après avoir acquis sa mère Naïve (Foukoui DS) et Vas Y Donc demi sang également. Son premier produit Irlanda (Rolleville) en 1952 n’a rien laissé de significatif. En revanche, KAVALA- LIBELLULE L et MAGALI justifient à elles seules l’appellation royale de leur mère. Ainsi : Kavala (Ecossais) a bâti les Thurin de Jean Pottier sans compter, à partir de cette souche, les First de Launay, Hastings etc.. Libellule L (Foudroyant II PS)), la souche de Jean Fleury puis celle de Pierre et Jeanne Mouchel avec les fameuses Etoupe II et Magali (Fra Diavolo PS) avant de faire la carrière que l’on sait chez Marcel Lebourgeois a produit 4 femelles par Débuché dont Valseuse mère de Janita (Starter) souche basse des Brekka et La Rirette (Fair Play III) souche de grands Gesmeray.

Michel Houlegatte, le fils de Jules, dit, sans regret particulier, ne pas avoir perpétué l’élevage familial au motif qu’il avait été influencé par la déception que manifestait son père de ne pas avoir récolté le fruit de son travail. La réussite de Magali, Libellule et Kavala vaut reconnaissance posthume.

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LE TROT

Après sa carrière dans le cheval de sport, à 60 ans, Marcel écrivit une autre belle page dans le trot

Marcel est donc arrivé à Villedieu les Poêles. La page cheval de sport est tournée. La retraite a sonné ou presque :« En passant sur la route, j’ai vu une belle jument dans un champ. Elle était fière, avec du sang. Elle était à Roger François. Il me l’a vendue et c’est parti là aussi avec un peu de chance. »

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Le voyage de Marcel Lebourgeois au cœur de l’élevage normand a laissé des traces qu’il suffit de suivre avec le même enthousiasme et le même sens de l’esthétisme. Ceux qui subliment la performance.

Crédit photo: Marcel Lebourgeois- Equin Normand